Teo pose une main sur le ventre de Saara. L’enfant donne un nouveau coup.
Il aspire peut-être déjà à la liberté, il imagine la trouver hors de l’utérus, pense Teo. Peut-être veut-il déjà se défaire des chaînes qui le lient à sa mère. Qui voudrait révéler à l’enfant que la liberté n’existe pas ? Plus nous glissons près d’elle, plus nos mains cherchent frénétiquement à attraper les chaînes passant à notre portée. Nous courons après un feu follet, chacun poussé par sa propre obsession. La longueur de nos chaînes montre les frontières de notre liberté, il n’y a qu’en nous contentant de notre sort que nous pouvons vivre sans nous en soucier. Nos désirs sont les plus durs jougs. Une fois ceux-ci étouffés, plus besoin de se débattre.
— Aki Ollikainen, la Faim blanche (trad. Claire Saint-Germain)