En comparaison de cela, je n’ai – au départ – ni matière tangible et exploitable ni véritable projet, même pas de thèmes définis à proprement parler. Je pars d’un inconnu diffus, guère plus qu’un certain sentiment de la vie, que je cherche à transposer, donc à matérialiser. Dans ce sentiment de la vie se cache (ou s’orchestre) la vie, en fait dans la réfraction subjective et la coloration de mon état présent, une étendue anarchique, une sorte d’espace énergétique, un mélange composite, qui est aussi fait de souvenir et de rêve, d’observation, de moments d’effroi et d’euphorie, de banalité et de mystère…
— Paul Nizon, Marcher à l’écriture (trad. Jean-Claude Rambach)