J’habite présentement l’astronomique chambre 10220 de la tour ouest des résidences de l’Université de Montréal, au dixième étage. […]
La vie dans les chambres est étrange. On n’y a jamais vraiment l’impression d’être chez soi. Toujours à côté. Toujours du bruit à côté, en face. Des voix qui longent le couloir. Des portes qui claquent. Très peu de visages. On rencontre difficilement les autres chambreurs. Ils sont là, juste à côté. Leur présence nous intrigue, nous nuit, nous parasite, nous empoisonne l’existence petit à petit. On ne remarque pas les chambreurs qui ne font pas de bruit. Les gens civilisés n’existent pas pour le chambreur. Sa chambre est un îlot social dont il tente d’oublier la désolation.
— David Leblanc, Mon nom est Personne