Quand elle lui demandait où il allait, d’où il venait, il ne grommelait qu’un mot : Ministère. Aussi mystérieusement que s’il avait dit : mystère.
— Dezső Kosztolányi, Anna la douce (trad. Eva Vingiano de Pina Mar)
Quand elle lui demandait où il allait, d’où il venait, il ne grommelait qu’un mot : Ministère. Aussi mystérieusement que s’il avait dit : mystère.
— Dezső Kosztolányi, Anna la douce (trad. Eva Vingiano de Pina Mar)
L’humanité, les exemples le prouvent, a été menée à la ruine, au sang, à l’ordure, par ceux qui se sont enthousiasmés pour la cause publique, qui ont pris au sérieux leur mission, qui avec ardeur, avec probité, ont veillé, alors que ses bienfaiteurs ont été ceux qui ne se sont occupés que de leurs propres affaires, qui ont failli à leur devoir, les indifférents, les dormeurs. Le mal n’est pas que le monde soit gouverné avec si peu de sagesse. Le mal est que, si peu que ce soit, il soit gouverné.
— Dezső Kosztolányi, « Le président », le Traducteur cleptomane et autres histoires (trad. Ádám Péter et Maurice Regnaut)
Il se sentait continuellement gêné. Dès qu’il se retrouvait avec quelqu’un de plus intelligent que lui, il était mal à l’aise et le tourment se reflétait sur son visage. Il faisait peine à voir. Il avait peur de tout. Peur d’arriver trop tôt ou de partir trop tard, peur d’être blessé ou de blesser quelqu’un, peur de parler trop ou de parler trop peu, peur aussi de trop manger ou de ne pas manger assez, et quand il était invité et qu’on lui passait un plat, généralement il refusait deux fois pour n’accepter qu’à la troisième, il en prenait alors, la tête de côté, tout en s’excusant d’un sourire.
— Dezső Kosztolányi, Alouette (trad. Ádam Péter et Maurice Regnaut)