Nous autres hommes, qui sommes-nous ? Sommes-nous vrais, sommes-nous faux ? Figures de papier, simulacres incréés, ombres inexistantes sur la scène d’une pantomime de cendres, bulles soufflées par la paille d’un prestidigitateur ennemi ?
S’il en est ainsi, rien n’est vrai. Pire encore : rien n’existe, toute chose n’est qu’un zéro prisonnier de lui-même. Tous apocryphes, mais apocryphe aussi celui qui nous dirige ou nous refrène, nous assemble ou nous divise : des riens métaphysiques, lui et nous, résultats embrouillés d’une erreur récidivée ; nez de carnaval sur des crânes pleins de trous et d’absence…
— Gesulado Bufalino, les Mensonges de la nuit (trad. Jacques Michaut-Peternò)