L’immensité du ParK, qui en fait une sorte d’île-monde, n’a pas été sans poser certains problèmes logistiques qui auraient pu être rédhibitoires si des solutions radicales n’avaient été trouvées. Ce lieu se singularise par un important réseau de monorails qui relient, en quelques minutes, ses principaux points et assurent un accès rapide à ses diverses attractions. Le forfait inclut tous les déplacements possibles en son sein, sans limite de temps ni de distance. Les visiteurs peuvent également louer à la journée un gyropode et profiter, en tout cas dans les zones autorisées, des plaisirs de la découverte. Quel que soit le mode de déplacement que l’on choisit, il se signale par son efficacité technique et son souci de l’environnement. Rien n’est laissé au hasard. Le moindre détail architectural est pesé, calculé. Il est toutefois irréaliste de désirer voir toutes les attractions en une seule journée. Certains disent qu’une année même n’y suffirait pas. (p. 15)
On ne saurait dire combien d’attractions contient Le ParK. Non seulement sa vaste étendue – identique à celle d’une mégalopole – rend difficile le décompte précis des bâtiments qui l’occupent, mais son incessante activité modifie elle-même presque tous les jours le nombre exact de ses éléments. Certains attractions ferment du jour au lendemain, et sont aussitôt démantelées – non pas parce qu’elles ne plaisent plus au public qui les bouderait (rappelons que la plupart des visiteurs sont des figurants engagés pour faire nombre et donner l’impression d’une liesse populaire), mais parce qu’elles n’amusent plus Licht qui en est le concepteur et le maître d’œuvres exclusif –, et remplacées par de nouvelles. En permanence, Le ParK évolue, se modifie, se renouvelle. C’est une sorte de ville nomade et plastique qui se reconfigure selon la mobilité même de ses résidents. Le décor y dépend à chaque instant des trajectoires. […] Le ParK est comme une ville en perpétuel chantier qui ne cesse de se transformer frénétiquement, un espace fractal, une géographie errante qui se défait et reconstruit aussitôt. (p. 93-94)
— Bruce Bégout, le ParK