La vie libre ? quelle dérision que cette liberté. Se réveiller le matin sans une tâche, sans un espoir, sans un désir et se replonger dans le sommeil — les jours où l’argent ne manque pas — jusqu’à en être écœuré ; passer les jours dans l’irritation, former des projets qu’on se sait incapable de réaliser, retrouver dans son esprit les mêmes pensées plates et devant ses yeux les mêmes images sans attrait, remuer dans son cœur ou dans son ventre des chaleurs puantes et attendre, comme une fatalité, en fermant les yeux et avec dégoût, l’heure où on retombera dans ses vices, l’heure où la nuit se couche sur la terre, où la malédiction vous possède et où l’on sait que l’on ne se refusera à rien ? J’aime autant la prison.

— Emmanuel Robin, l’Accusé