Sur le mur de la boutique blanchie à la chaux, une peinture populaire représentait une berge du Nil avec un voilier debout sur le fleuve, immobile comme s’il ne voulait plus se mouvoir, mais rester toujours ainsi, ayant peur du large et du vaste inconnu. Et il semblait que tout, quartier, êtres et choses, s’était figé comme ce voilier peint sur le mur, ne voulant plus comprendre qu’on puisse bouger ; espérer d’autres buts que ceux déjà atteints ; aller toujours plus loin sur la route…

— Albert Cossery, « Le facteur se venge », les Hommes oubliés de Dieu