21. POUR FAIRE RIRE GURBAL KOUM

Au fond de l’asile, il y avait une salle de rangement, destinée à entreposer les serpillières mouillées, les produits d’entretien et les balais, et c’était là que notre camarade Maroussia Vassiliani dispensait des cours de métaphysique. Nous en avions tous besoin. Les questions que nous nous posions ne nous avaient jusque-là apporté que des ennuis gastriques et peu de réponses. Quand nous réfléchissions à nous-mêmes et au destin qui nous était réservé, la nausée nous convulsait. La durée abominablement courte de notre séjour sur Terre suscitait chez beaucoup d’entre nous des cris indistincts et des renvois acides. Et je ne parle pas des haut-le-cœur qui nous ébranlaient douloureusement quand nous prenions la mesure de notre immense solitude en face de la normalité et de la propagande des maîtres.

— Lutz Bassmann, Les aigles puent

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