Les étoiles se levaient, un chien aboya, j’étais seul, mes pieds foulaient la tombe royale d’un peuple ancien et, soudain, je me sentis sans raison en proie à une violente agitation : j’aurais voulu me rouler sur l’herbe encore chaude ou crier à pleins poumons. Pourquoi ce monde si immensément grand, ce temps si infini, pourquoi cette vie humaine si bornée ? Les feux s’étaient éteints, les outils s’étaient brisés, les traces des foyers et les éclats de poteries avaient disparu, enfouis sous terre, et des paysans aussi indifférents que renfermés avaient déplacé les pierres tombales pour en faire des seuils de porte.

— Mika Waltari, Mademoiselle Van Brooklyn (trad. Mirja Bolgar et André Enegren)