Il imagina une forêt profonde. Il allait, se frayant un chemin dans un silence parfait. Il trouvait une cabane abandonnée. Il se laissait tomber sur un lit de sangle. Il n’y avait là ni journaux, ni radio, ni réveille-matin. Alexandre s’apaisait. Ses mains commençaient à se desserrer. Sa bouche se déplissa quelque peu. Les arbres de la forêt furent agités par le vent. Ces arbres imaginés par Alexandre étaient d’un accueil plein de bonté, tendre, vert, et sa nostalgie inconsciente leur imprimait un mouvement léger qui le charmait. C’était comme un doux bruit de pluie autour d’Alexandre. Une sensation de repos envahissait son âme à l’aise dans la seule vie végétale.

— Gabrielle Roy, Alexandre Chenevert