Cependant, inlassable résonnait à ses oreilles : trente-huit ans ! Encore quelques années et elle serait une vieille femme, alors ce serait trop tard pour vivre quelque chose de joli ; puis viendrait le temps d’attendre la mort, d’avoir peur de mourir comme sa belle-mère. Oui, la mort ! Toute une vie stérile et pour finir, la mort ! Elle enfonça son visage dans ses oreillers, elle avait peur et se força à penser à autre chose. Non, une vie humaine ne pouvait pas être si triste ; certainement elle vivrait quelque chose de grand. Là-dessus, elle s’endormit.

— Eduard von Keyserling, Escalier trois (trad. Jacqueline Chambon)