Il avait envie de pleurer, il avait besoin de pleurer, mais les larmes ne venaient pas, et seulement de courts sanglots qui crevaient mal, et n’apportaient aucun soulagement. Les mains dans ses poches et la tête basse, Denis rentra chez lui, traînant les pieds, le long des murs. Il comprenait tout à coup que sa vie n’était même pas cruelle, ni pénible, mais tout simplement ennuyeuse. Il était inerte et indifférent, comme un homme à qui on a commandé un travail non pas difficile mais vraiment impossible ; alors, il sait qu’il ne le fera pas, il n’essaie même plus, il attend ; il n’a même plus de regret, ni d’inquiétude. Il marche le long des maisons parce qu’il est debout ; mais c’est exactement comme s’il était assis au bord du trottoir, indifférent et désolé.
— Pierre Bost, Porte-Malheur