Surtout ne rien toucher. Les concrétions vivent. Je dois retenir Véra. Je suis marquée par l’injonction de mon père. Il dit que le sébum humain empêche l’eau de s’accrocher pour faire grandir la pierre. Quelque chose me terrifie dans l’idée qu’en touchant, je puisse tuer une structure minérale vieille de plusieurs centaines de milliers d’années. Je suis également fascinée de me dire que ces formations proviennent de l’eau, tout comme chaque cellule de mon corps se compose d’eau et de minéraux, dans des proportions seulement différentes. (p. 57)

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Il raconte que les concrétions sont nées de la jalousie de l’eau pour les montagnes, pointées vers le ciel, qui excitent les humains. Pour rivaliser avec elles, les gouttes les plus acharnées ont trouvé le moyen de leur ressembler, mais sous la terre, au prix de l’ombre et de l’immobilité. (p. 58)

— Élisa Shua Dusapin, le Vieil Incendie