Elle se fit aménager non loin de la maison un petit jardin pour elle toute seule avec de hauts murs et une porte cadenassée. Elle s’y retirait pour penser – enfin c’est ce qu’elle disait – des heures entières. Elle l’appelait le jardin de Ses Pensées. J’eus le grand privilège d’y entrer avec elle une fois, après l’une de ses querelles avec Billy. Rien n’y poussait très bien, à cause des murs, je suppose, et parce qu’elle était seule à s’en occuper. Il y avait au milieu un banc moussu. J’imagine qu’elle avait coutume de s’y asseoir pendant qu’elle pensait. Il flottait sur ce lieu une mauvaise odeur d’humidité…

— Evelyn Waugh, « Étude de mœurs », la Fin d’une époque (trad. Jocelyne Gourand)