Je ne crois à rien qu’à moi-même et à ma propre expérience. Le monde se compose de moi, de mes pensées et de mes sentiments – tout le reste est pure fantaisie. La vie est un rêve que je nourris des éléments qui apparaissent devant moi. Tout ce qui est reconnaissable, chaque expérience est une création de mon esprit et cesse d’exister dès lors que mon esprit n’existe plus. Il n’y a aucune possibilité et pas plus de nécessité de reconnaître quelque chose en dehors de moi-même. Le rêve et la réalité ne font qu’un. La vie est un rêve continu, durable, et lorsque je cesse de rêver, le monde, avec sa beauté, son tourment et sa douleur, son inimaginable diversité, cessera aussi d’exister.
— Somerset Maugham, The Narrow Corner, cité par Paul Nizon dans Marcher à l’écriture (trad. Jean-Claude Rambach)