Il se sentait continuellement gêné. Dès qu’il se retrouvait avec quelqu’un de plus intelligent que lui, il était mal à l’aise et le tourment se reflétait sur son visage. Il faisait peine à voir. Il avait peur de tout. Peur d’arriver trop tôt ou de partir trop tard, peur d’être blessé ou de blesser quelqu’un, peur de parler trop ou de parler trop peu, peur aussi de trop manger ou de ne pas manger assez, et quand il était invité et qu’on lui passait un plat, généralement il refusait deux fois pour n’accepter qu’à la troisième, il en prenait alors, la tête de côté, tout en s’excusant d’un sourire.
— Dezső Kosztolányi, Alouette (trad. Ádam Péter et Maurice Regnaut)