La voiture électrique de M. Paul Pouchain et celle du comte Joseph Carli montrent que l’installation d’un moteur électrique et des accumulateurs qui l’entretiennent n’a pas présenté de difficultés particulières. Il est donc à croire que dans les villes la voiture électrique et surtout le fiacre électrique ne tarderont pas à faire leur apparition.
On ne prend pas un véhicule sur route pour des trajets de 100 kilomètres ; mais on prend un fiacre pour faire des courses, des visites et des affaires pendant quelques heures, en revenant sensiblement au point de départ, et c’est pour ces applications, les plus nombreuses, que l’emploi de l’énergie emmagasinée dans des accumulateurs électriques s’impose.
La question du faible parcours qu’elles peuvent accomplir ne sera pas un obstacle, car les voitures et les fiacres électriques pourront aller recharger leurs accumulateurs dans les stations centrales d’électricité qui existent déjà aujourd’hui en grand nombre en France et à l’étranger, et qui ne feront que se multiplier davantage. La fourniture d’électricité aux voitures électriques privées et publiques sera, pour ces stations, un débouché des plus avantageux, qui réduira d’autant leurs frais généraux.
Au lieu de donner l’avoine aux chevaux pendant le cours de leur travail, on donnera de l’électricité à leurs succédanés de fer, des dispositifs de chargement étant installés aux stations de voitures.
— Louis Figuier, l’Année scientifique et industrielle. Trent-huitième année (1894)