Il peut exister une histoire qui se continue, un roman véritablement libre, ouvert, qui ne s’interdit rien […]. Qui ne serait ni esclave de la tradition, ni esclave de la lutte contre cette tradition, mais qui s’autoriserait tout, sans mépris, sans ignorance et sans limites. Au cœur de cette antique salle de jeux qu’est la littérature, l’écrivain n’est plus obligé de jeter les vieux jouets par la fenêtre ; il peut changer leurs usages ou en fabriquer d’autres. Aucun écrivain ne devrait se sentir étouffé dans aucun héritage, il peut emprunter plusieurs traditions, tour à tour ou ensemble, dans sa vie comme dans son œuvre, et les faire entrer, étrangères ou natales, anciennes et nouvelles, dans une grande chambre romanesque pour en faire une à soi.
— Sophie Divry, Rouvrir le roman