On se demande bien ce que c’est, en littérature, une vie ordinaire. Dans la vie, on voit mieux : travailler beaucoup, aimer un peu (si c’est beaucoup, ça n’est plus ordinaire), mourir trop tôt. Se distraire, aussi. Les philosophes ont trop facilement critiqué la distraction comme remède. Dans les livres, les personnages ne se distraient pas, ils vivent. J’entends par là que la vie est au premier plan, qu’on partage, et dès qu’elle est au premier plan elle cesse d’être ordinaire. Et si d’aventure elle l’est, ordinaire, dans son énoncé, elle accède à l’exception parce qu’elle est écrite. La pensée de l’ordinaire, déjà, parce qu’elle est une pensée, est le contraire d’un engluement.