En faisant mes premiers pas dans la rue j’ai réalisé que je n’avais pas quitté la maison depuis mon arrivée deux jours plus tôt. Je me suis rappelé une phrase que j’entendais souvent prononcer quand j’étais enfant : « Ne reste pas enfermé comme ça, profite un peu du beau temps, va donc jouer dehors. » À l’époque je ne comprenais pas ces recommandations. Les grands personnes ignoraient-elles qu’on peut apprécier une belle journée à travers une fenêtre ouverte ? Pourquoi d’ailleurs fallait-il à tout prix « en profiter » ? Et pourquoi seulement du beau temps, pas de la pluie ? Ce matin-là j’ai compris que les adultes s’adressaient moins à moi qu’au souvenir de l’enfant qu’ils croyaient avoir été, aux enfermés qu’ils étaient devenus.
— Alexandre Postel, l’Ascendant