Pourquoi tout élan d’écriture devrait-il alimenter encore l’universelle fabrique de fictions ? Si nous nous imaginons tous les romanciers penchés en ce moment même de par le monde sur les destins de leurs personnages et la progression de leurs intrigues, n’y verrons-nous pas une représentation du travail d’usine le plus ingrat et le plus asservissant ? Alors que tout est bon pour l’écrivain qui a fait de l’écriture sa façon d’être. C’est à travers elle qu’il éprouve le réel. Certains livres nous le rappellent, qui finissent par ressembler à l’électroencéphalogramme de leur auteur.

Éric Chevillard