Parfois tu te dis que tout serait plus simple si tu allais vivre au fond de la mer avec les crustacés, tu pourrais enfin laisser tes rêves se sédimenter comme des perles, les observer paisiblement sans te soucier d’efficacité ou de l’écoulement banal des secondes, tu pourrais succomber à l’envoûtement des courants marins sans avoir à rendre compte de tes gestes, étant partout chez toi dans le silence lénifiant de l’eau, libérée de l’obligation d’entreprendre sans cesse de nouveaux projets et de placoter à propos des mêmes platitudes, une fois pour toutes affranchie de la peur d’être accusée de fainéantise, puisque tu serais au fond de la mer, là où les lois humaines sont accueillies avec une indifférence abyssale.
— Simon Brousseau, Synapses