Il semblerait d’ailleurs que, d’une façon générale, plus le temps passe moins j’aie à dire, bien que je trouve naturellement toujours plus ou moins quelque chose à dire. Et lorsque j’entends les gens autour de moi se lancer tous dans d’incessants monologues, des dialogues sans queue ni tête, des discours aberrants, je m’aperçois qu’eux non plus n’ont en réalité absolument rien à dire, pourtant tout le monde parle, c’est ainsi. Il n’empêche que je donnerais cher pour avoir quelque chose à dire, de même que je donnerais cher pour avoir une pensée digne de ce nom, pas seulement une opinion ni même une conviction, simplement une pensée, quelque chose comme un fil qui résiste et conduise quelque part.

— Véronique Bizot, Un avenir