Dans les sous-sols, des corridors chargés de casiers rouillés, de bouées bleues et blanches et de tables défoncées permettent de circuler de la piscine à la bibliothèque. Parce que c’était interdit, on allait souvent jouer dans la salle des machines. Près du vestiaire des femmes, une cage d’escalier donne accès aux locaux du deuxième […]. Sur le palier de cet escalier, au rez-de-chaussée, une sortie de secours donne sur la cour entre les trois bâtiments. On trafiquait la serrure pour l’ouvrir de l’extérieur. En bas se trouve un labyrinthe puant le chlore et le béton humide, des stalactites beiges suintant des craques au plafond, un vacarme sombre de moteurs et de pompes auquel il nous était impossible de résister. C’est moi qui avais découvert, dans le dédale de cuves, de couloirs et de coquerons, la porte dérobée qui ouvre sur une toilette du sous-sol de la bibliothèque, une toilette réservée au personnel, qui semblait en fait inutilisée. Notre plus grand fierté avait été de retrouver un jour cette toilette par la bibliothèque. Empruntant notre passage secret à contresens, on s’était égarés dans les ramifications des corridors, confondant les sursauts des pompes avec des coups de clé à molette donnés par un concierge assassin sur les tuyaux du plafond bas […].
— Raymond Bock, Rosemont de profil