Le 7 septembre. — Je me perds dans les conversations. Je n’en retire le plus souvent que de l’abattement et de l’amertume. J’y compromets ma vie intérieure, ce qu’il y a de meilleur en moi. Pour nourrir le discours, j’y jette mes pensées favorites, celles que j’aime le plus secrètement et avec le plus de sollicitude. Ma parole timide et embarrassée les défigure, les mutile, les jette au grand jour, désordonnées, confuses, demi-nues. Quand je m’en vais, je recueille et je serre mon trésor répandu, mais je ne remets en moi que des rêves meurtris comme des fruits tombés de l’arbre sur des pierres.
— Maurice de Guérin, le Cahier vert