Il est certain que je voyais différemment l’avenir. Je me suis dit qu’à tout hasard je devais me remettre à faire un peu de sport. Et qu’à bien y réfléchir le plus simple était de marcher. J’ai donc commencé, dans les jours suivants, à marcher avant et après le travail. Je surveillais ma respiration et dosais mes foulées de manière croissante. Au cours de cet exercice, aucune pensée ne me venait. Je m’abrutissais dans l’effort. Mon avenir se structurait par tranches de cent mètres, et, entre les deux trajets qui m’amenaient au bureau et qui m’en ramenaient, je m’absorbais dans le travail. Dans les moments de creux, il m’arrivait de me voir mourir. J’avais cependant la sensation de respirer mieux. Je ne désespérais pas de m’acheminer vers une sorte de forme physique.

— Christian Oster, En ville