Les conséquences de cette soirée furent salutaires. Au souvenir de cette fatigue, de cette gêne, M. Folantin s’estimait content de dîner où bon lui semblait et de demeurer, pendant toute une soirée, dans sa chambre ; il jugea que la solitude avait du bon, que ruminer ses souvenirs et se conter à soi-même des balivernes, était encore préférable à la compagnie de gens dont on ne partageait ni les convictions, ni les sympathies ; son désir de se rapprocher, de toucher le coude d’un voisin cessa et, une fois de plus, il se répéta cette désolante vérité : que lorsque les anciens amis ont disparu, il faut se résoudre à n’en point chercher d’autres, à vivre à l’écart, à s’habituer à l’isolement.

— Joris-Karl Huysmans, À vau-l’eau