Ni établissement durable, ni métier fixe, ni amitié sans tache, ni liens indéfectibles, ni piété filiale douteuse, ni consécration — et, pour sceller une fin prématurée, l’ensevelissement rapide de son nom et de ses livres dans un oubli total —, la vie de Bove ressemble par la malchance à la méprise atroce qui vaut à Bridet d’être exécuté sans gloire ni vrais regrets de la part de ses proches. Jusqu’en son dénuement pathétique à force de discrétion, l’œuvre de Bove se confond avec sa vie et l’efface, labile, à ce point exemplaire qu’elle ressurgit intacte, sans une ride, avec la perfection insolite d’un codicille.

— Alain Clerval, postface de 1986 du Piège d’Emmanuel Bove