L’ingénieur Hugo s’assit sur un tronc équarri qui continuait entre les fibres blondes de perdre sa sève et sa résine, dégageant une odeur entêtante de choses intérieures qui ont mis longtemps à se former, à naître, et qui l’égarait dans l’imagination des intimités de la forêt, du plateau et des terres. À quelques pas de lui brillait, en entassements réguliers, l’acier des rails, multipliant, dans leur miroir étiré sur une dizaine de mètres, le chemin du soleil. Et il eut l’impression que le chantier dans son état actuel se suffisait à lui-même et que tout continuation d’activité était absurde dans la mesure où l’homme et son histoire seraient annulés par le nombre des éléments, par les surgissements sauvages des matières qui se moquent de ce langage qu’on y trace, de ces empreintes, de ces mises en formes vouées à être remodelées ou recouvertes, déjà archaïques et inintelligibles.

— Claude Faraggi, le Maître d’heure