D’où l’importance que j’attache à Proust, par exemple, en tant que toute son œuvre décrit cette difficulté d’accéder au réel, mais aussi à Nerval et à Schwob, à Henry James, c’est-à-dire des écrivains souvent aux marges du fantastique. Car le fantastique est chez eux, comme chez moi, le signe d’une faille dans notre rapport à la réalité, d’une difficulté à l’appréhender qui est aussi une menace pour l’équilibre mental. D’où la peur, et la teneur du texte que j’ai publié aux Allusifs : ce qui nous fascine dans le monde est aussi ce qui peut nous terrifier, notamment parce que découvrir la réalité, c’est aussi découvrir sa mort.

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Or un texte littéraire n’exprime rien ni personne, c’est une machine à nous rendre vrais, si du moins il est assez juste pour y parvenir.

Pierre Jourde