Et voici que Lydie Salvayre publie Hymne. Un nouveau livre de Lydie Salvayre ! Les joies nous sont chichement comptées en ce monde, sans même parler de cette vie : je me jette sur l’objet. La langue de Lydie Salvayre, quoique souvent venimeuse, et plutôt pour cela même, est l’une des plus précises et des plus justes de notre littérature. Venimeuse, oui, parfois perfide, tout au moins bifide comme celle de la vipère, développant un français de haute tenue, sorti tout droit du Grand Siècle, et le châtiant comme il le mérite, c’est-à-dire plus encore, en le dynamitant soudain de l’intérieur pour dénoncer le pacte que le classicisme a lié avec toutes les forces de l’oppression, de la sujétion, de l’intimidation. Alors elle introduit l’ennemi dans la place, par la dissonance, de brusques ruptures lexicales, voire par le recours non moins subtil que brutal à l’argot le plus raide, nous rappelant de la sorte que nous ne sommes pas entre gens de bonne compagnie, entre belles âmes, à nous réjouir d’un discours impeccable sur l’état et l’ordre des choses, mais que toujours affleurent la violence du monde, sa noirceur, et que l’écrivain ne s’en laisse pas conter par ses jolies phrases.