Faut-il une chambre pour écrire ?

Peut-être même un emboîtement de chambres, la chambre dans la chambre dans la chambre. Comme ces chambres gigognes de Proust, celle dans laquelle il se retire pour évoquer d’entrée celle de son narrateur enfant, d’où procède toute l’œuvre. D’une certaine façon, Proust n’a jamais quitté sa chambre. C’est dans une chambre que nous naissons, que nous aimons et c’est même dans une chambre de préférence que nous mourons. Elle n’est pas seulement le lieu du repos ou la tour d’ivoire de l’animal peureux. Pourquoi n’y écrirait-on pas aussi mieux qu’ailleurs ?

Éric Chevillard, propos recueillis par Annie Diatkine