Au cours de mes lectures j’avais, par exemple, appris que d’un certain point de vue digne d’intérêt, mon cas était atypique. Aux tout premiers stades de la maladie, les gens se sentent particulièrement mal le matin, une sensation tellement maléfique qu’ils n’ont pas le courage de sortir du lit. Ils commencent seulement à se sentir mieux à mesure que la journée avance. Dans mon cas, c’était exactement l’inverse. Tandis que j’étais capable de me lever et de vivre de façon presque normale lors de la première partie de la journée, je commençais en milieu d’après-midi ou un peu plus tard à sentir les symptômes revenir à l’assaut — la tristesse m’assaillait, ainsi qu’un sentiment de peur et d’aliénation et, par-dessus tout, une angoisse étouffante.
— William Styron, Face aux ténèbres (trad. Maurice Rambaud)