Je me méfie des écrivains grandes gueules ou beaux parleurs, très à leur aise en toute circonstance et qui semblent n’avoir peur de rien ni de personne. S’ils ne retiennent, ne ressassent, ne ravalent ni ne ruminent jamais un mot ou une idée, s’ils n’en pensent jamais plus qu’ils n’en disent, leur écriture quand ils s’y mettent ne sera pas portée par cette énergie, cette volonté et cette audace déjà éventées. Au contraire, l’écrivain craintif dans la vie, pusillanime, un peu honteux même, plein de rancunes et de silences, lâche ses chiens quand il écrit et donne enfin là – parce que jamais ni nulle part ailleurs – toute sa mesure.

— Éric Chevillard, l’Autofictif